Juin 2011 – Claude Ber

Anthologie progressive

Claude Ber, poète, dramaturge, essayiste. Prix International de poésie Ivan Goll. Derniers textes parus en poésie : L’Inachevé de soi, Méditations de lieux La Mort n’est jamais comme. Sinon la Transparence, Ed. de l’Amandier, Vues de vaches Ed. de l’Amourier, Le Livre, la table, la lampe Ed. le Grand Incendie. Publiée aussi dans de nombreuses revues, anthologies (Couleurs femmes éd. Le Castor astral 2010, Métamorphoses, L’Année Poétique 2008 et Anthologie Poésie de langue française éd.  Séghers, etc) et ouvrages collectifs (La sagesse, éd. Autrement, Aux passeurs de poèmes éd. CNDP/Le printemps des poètes etc), Claude Ber donne de multiples lectures et conférences en France et à l’Etranger (Festival de Lodève, BIPVAL, Maisons de la Poésie etc.) recueillies dans Libres paroles éd. Chèvrefeuille-étoilée. Agrégée de lettres, elle intervient, en tant qu’écrivain, à Sciences Po et à la Sorbonne. Présidente du Jury Forum Femmes Méditerranée et du Prix européen Evelyne Encelot, elle joint à sa création littéraire des actions dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la défense des droits humains. http://www.claude-ber.org

Poème

je prends note 1- d’une écharde sous la chair, parfois aux talons, ou son planté de lame à l’omoplate 2- aux vertèbres de l’ascension des pilotis dans leur cahute de peu 3- de ce qui demeure, s’ensevelit bouches inquiètes de questions, juste un carnet à spirales sur la tablette en bakélite 4- de l’indispensable comme de l’insignifiant

5- de la déclinaison des atomes aux vers de Lucrèce

6- des déformations du bas latin en langue vulgaire

7- d’un point d’abeille au revers d’un col

8- de l’affût de l’aiguille et de l’esprit

9- du rien à la lisière de tout accouplés dos à dos

10- des insectes butinant les paillettes de sirop séché sur la nappe

11- de la sidération des regards (et voilà l’œil qui se déduit de vue)

et je note de toutes choses

12- son nuage de criquets et son évasement ( le temps y est nuées de vieilleries rangées dans un tiroir, maigre barbu affamé qui gobe pierres dans leurs langes au lieu de chair laiteuse de nourrisson, le bel ogre invité à la table des mariages pour anticiper de frais une éternité goulue et veuve)

13- nuages je note dans leurs bouffants (14) et leurs plis (15) à la commode des ciels rangés

16- le fil d’avion en balafre sur la joue au creux de paumes

17- le temps d’un vis à vis du mot à ce qui s’en va de sur la main soufflé (ou moins que cela car, à nommer, il se dépose marc de café, lui bu) 18- nuages je note nuages et même, à insister, leur érosion dans le nu (19), à être précis, la nôtre dans le même nu (20)

Claude Ber
in Anthologie de la Biennale en Val de Marne (BIPVAL) 2011