Septembre 2018 – Alain Chapelain

Anthologie progressive

Adepte des formes plutôt courtes, Alain Chapelain a vu ses premiers textes publiés dans la revue « A l’index » de Jean-Claude Tardif.
Des propos très courts ont paru aussi, dans la revue Ici é là dirigée par Jacques Fournier.
Un recueil auto-édité Elément féminin a regroupé il y a quelques années, 12 textes, préfacés par le poète Eric Ferrari.
Si l’écriture s’est plus affirmée à partir de 2000 avec le texte « Grâce », ceux-ci comme pour le 15è anniversaire du festival de Concèze, commencent à se propager. De la part de celui qui en qualité de musicien, est plus connu pour accompagner ou composer à partir de ceux d’autrui.
Ses textes se plaisent à retracer le presque, l’indicible, le ratage, l’évitement, le peu circonstancié au-tour duquel tout tourne, bascule d’un côté, de l’autre.

Poème

Des gâchis

Il y a du gâchis, des feux d’artifice en perdition, des champs et requiems délaissés.
Des gestes tués dans l’oeuf, du mutisme à foison, de la pudeur vissée, mal placée. De la perte et incompréhension en cuisine, entre éléments séparés, sous dentelles soyeuses. Les dimanches ternes d’automne et soirs tombeaux.
Entre obligations galères, rêves échoués, lèvres mordues, yeux dans le vague.

Du gâchis sur des trottoirs où je vois de possibles princesses oubliées, mal rangées entre des pous-settes précoces.
Peut-être me dira-t’on comme un héritage, que c’est leur vie choisie ou non, quand il n’est pas utile d’attendre le train d’après.

Tu aurais pu me frôler les cheveux toi que j’avais vu se détacher dans le noir. Même un peu.
Poser près de mon parfum mais je reconnais que c’était hasardeux de s’échanger des yeux déjà, dans la déflagration de l’instant.
Je comprends tu sais, la peur de glisser, de sombrer, de lâcher.
Laissons gagner l’ordre établi, les sacs Vuitton et chandeliers, ne faisons pas de vagues hors bidets, sous des digues de larmes ravalées, des monts de rêves effondrés, bien familiers. Ne créons pas de mesures composées à 6/8.

Il y a du gâchis, du presque rien apparent, des limites indicibles aux confins du conditionnel, du basculement.