Tu n’as pas choisi une gare ou un aéroport. Mais tu es en partance. Tu veux quitter ton monde aride et triste.

Tu te joins au flot immense des humains qui s’assied au bord de l’océan, sur l’immensité sableuse.

Tu es installée sur ta rudimentaire chaise, avec ta modeste valise, juste avec une robe pauvre et ta seule richesse : la vie.

Tu regardes l’horizon vaporeux qui ne laisse rien deviner de l’ailleurs, du monde qui se trouve de l’autre côté.

Tu sens à ce moment ta fragilité essentielle, ta vie exposée, l’incertitude du futur, la faiblesse qui te fait cortège depuis l’origine du monde jusqu’à la fin des temps.

Sur l’immense plage, tu es perdue dans ta solitude, livrée à l’incertitude, dépouillée de toutes les défenses ordinaires des nations ordinaires.

Il n’y a plus de société organisée, de loi respectée, de règles certaines, de familles unies, de solidarité de clan.

Le cauchemar a débuté : on n’en connaît pas la fin.

Ta valise est une trace de toi-même. D’autres l’ont perdue. Ils s’en souviennent. Des regards te suivent, te parlent en langues étrangères et avec des sourires familiers. Le voile de brume un jour se déchirera.

Des routes apparaîtront. Des villes grouilleront. Des mains se tendront. Tu pourras en saisir en marchant et trouver ta propre voie.

Il est toujours des âmes bienveillantes qui jurent fidélité et soutien et qui s’engagent.

Elles n’ont aucun autre intérêt à défendre que de conserver leur propre humanité.

Enjeu essentiel, combat décisif qui préservera leur propre voyage sur cette terre.

La loi première, la loi sacrée est d’accueillir sans poser de questions, de préparer une place à la table commune et de laisser un endroit où reposer les têtes fatiguées, blottir les petits, les plus fragiles.

Comme l’on traite l’inconnu qui supplie, l’on sera un jour traité soi-même.

Sans condition, sans exigence préalable. Sans loi autre que celle de la réciprocité de l’hospitalité.

L’hôte est à la fois celui qui accueille et celui qui est accueilli.

« Vingt ans, l’espace à peine d’une enfance », selon les mots de Victor Hugo, c’est l’âge de Poésie en liberté en 2018, le même qu’un grand nombre de ses participants, puisqu’ils ont entre 15 et 25 ans. Certains n’étaient pas nés en 1998, et d’autres qui naissent aujourd’hui seront poètes, et avant vingt ans.

Le concours international Poésie en liberté accompagne cette marche du temps, montrant qu’il se trouve plusieurs milliers de jeunes chaque année qui écrivent et envoient leurs poèmes. Qui l’aurait imaginé ? Qui l’imaginerait encore ? Et pourtant…

Le nombre des participants au concours Poésie en liberté est à présent impressionnant : plus de 110 000 lycéens, étudiants et apprentis, venant de 150 pays, ont perturbé les défaitistes, irrité les empêcheurs de rêve, ému les âmes généreuses, accompagné les vies.

La passion est contagieuse, et des partenaires de toute sorte continuent à suivre ce grand moment poétique annuel, et d’autres nous rejoindront, nous le savons. Qu’ils soient ici tous remerciés.

Des milliers de professeurs, de poètes, d’artistes, de proviseurs, nous accompagnent pour convaincre les intrépides de chaque génération qu’ils ont raison de se risquer dans l’aventure.

La cloche des 20 ans va retentir. Les nations représentées sont nombreuses. En Europe, en Afrique, aux Amériques, en Océanie, en Asie. Surprenante diversité des humains, de leurs regards, de leurs mots.

La poésie est une manière simple de pouvoir dire l’indicible, elle transmet l’impalpable. Elle met chacun face à soi-même, dans sa vérité.

Les poèmes lauréats du concours, publiés désormais par les éditions Bruno Doucey dans une anthologie annuelle, sont un témoignage incomparable des doutes, des craintes, mais aussi des joies et des espoirs d’une génération qui sans cesse se renouvelle, et sans cesse témoigne de son ancrage dans la société.

Le clavier est allumé en permanence dans le monde entier. La liberté inspire les peuples et libère leurs émotions. La rencontre des 20 ans se prépare dès aujourd’hui. Chacune, chacun y a sa place.

Jean-Marc MULLER, Matthias VINCENOT

 

 

L’Homme comme tout vivant grandit, vieillit et dépérit. L’enfant porte la vie nouvelle qui advient par une volonté mystérieuse de forces agissantes, où la nature et l’action humaine conjuguent leurs hasards et leurs nécessités.

Le petit d’Homme porte tous les possibles de l’humanité. Il est la génération qui remplace les aïeux. Il est l’avenir qui produit la sagesse de demain, les savoirs de la survie, la réalisation d’espoirs merveilleux.

Il est l’une des parts les plus fragiles de l’espèce. Il dépend des soins des générations précédentes, de leurs acquis et surtout de leur bienveillance, de leur protection, de leur bienfaisance.

C’est ainsi que parlent les poètes depuis les temps immémoriaux. C’est ainsi que les mères portent l’espoir du monde baigné de féconde tendresse.

C’est ainsi que les pères reconnaissent le fruit de leur vie.

Pourtant, le faible, le fragile, le nouveau-né est la proie des passions humaines, de sa violence incessante. La folie humaine en fait un adulte avant l’âge en lui volant son enfance, en l’armant pour le meurtre, en le sacrifiant à sa volonté de domination.

Chaque jour, l’enfant est violenté, martyrisé, tué partout dans le monde en des proportions variables. Mais partout avec une détermination diabolique.

Les droits sont signés en vain par la plupart des nations. Les pleurs n’arrêtent aucune sauvagerie. Nul n’est épargné par ce fléau.

Poètes, sages, saints, prophètes et maîtres d’école, reprenez le flambeau de l’enfance heureuse. Artistes, musiciens, écrivains, bataillez sans fin.

Jeunesse du monde, embrasse la cause sacrée de l’enfance dans des poèmes.

Tous à vos claviers à chanter l’enfance et ses droits.

 

 

Ce texte est inspiré de la vidéo « TOUT CE QUI N’EST POINT PROSE, EST VERS » du vidéaste Monsieur Phi :

La poésie va plus loin encore.

La poésie se distingue peu, par la forme, de la prose. La poésie a conquis de nouveaux territoires de l’écrit par sa vertu propre. Elle est d’abord une manière d’écrit qui dit l’indicible, traverse les frontières des sujets, des formes, des contenus aussi.

La poésie est rencontre. Fortuite et singulière. Elle est confrontée certes aux lois ordinaires, au « maître extérieur », au langage partagé et compris du grand nombre. C’est le maître d’école qui tente de définir la métrique, les caractères de la poésie, de définir l’indéfinissable. Le maître qui apprend la langue commune.

Mais elle est aussi rencontre singulière entre un auteur, son univers, et l’autre que l’on ne connaît pas. Dans cette rencontre, c’est le « maître intérieur », qui est aussi avertisseur, qui parle, ouvre des chemins de liberté. C’est à cet endroit précis où la liberté s’exerce que la rencontre s’offre des surprises, libère les champs du possible.

Le texte s’en va circuler de lui-même par le vaste monde, parler un langage propre à chaque oreille attentive. Les horizons se heurtent, se complètent, se découvrent. Poésie est avant tout liberté, comme tout geste de tout artiste. Elle est sous le marteau du maçon des cathédrales ou du sculpteur, dans le pinceau muet du peintre, dans la musique des instruments, dans la vocalise du baryton.

Elle porte un « je ne sais quoi » qui me convainc à la seconde que c’est elle, la poésie. En prose ou en vers. Peu importe au fond.

Chaque jeune de 15 à 25 ans est convié ici, pour la 20ème année consécutive, à faire vibrer la corde de l’artiste qui l’habite.

Hommage à Pierre Dubois

Hommage à Pierre Dubois

Pierre, mon Ami ! Tu as donné toute ton énergie à la jeunesse et au rayonnement de la langue française ! Nous serons fidèles à ton action et nous continuerons à servir tes idéaux qui sont des idéaux que nous partageons ! Nous donnerons ton nom à la promotion 2017 de Poésie en liberté ! Nous avons ton souvenir gravé dans notre histoire !

Jean-Marc Muller, Président fondateur de Poésie en liberté
Paris, le 11 janvier 2017

Une plaque commémorative sera installée par Poésie en liberté au Québec en souvenir de Pierre Dubois.

Hommage à Pierre Dubois sur le site du Collège de Montréal

Nous abordons, à partir du 1er janvier, la 19ème édition du concours international « Poésie en liberté ».

Toute l’équipe vous présente ses vœux pour faire de cette année une nouvelle et belle année de poésie.

Votre humanité viendra encrer votre plume et fera vibrer le cercle magnifique des dizaines de milliers de jeunes poètes qui participent depuis des années.

Rejoignez la cohorte immense des amoureux des mots et de la langue française sur les cinq continents. Chacune et chacun y a sa place. Laissez parler votre sensibilité, votre amour du genre humain.

Voeux 2017

Voeux 2017

Le concours international « Poésie en liberté » reçoit des poèmes du monde entier : c’est sa richesse. Il est le miroir des incertitudes de la jeunesse du monde. L’avenir, tant personnel que collectif, est un grand point d’interrogation.

Nous sommes touchés par la délicatesse et la vérité profondes des poèmes reçus. Cette année, l’anthologie renouvelle la présentation et la conception de leur publication.

Nous publions le 18ème volume de cette collection : au fil des ans, les poèmes retracent les préoccupations des jeunes depuis la fin du siècle dernier et durant les premières années du 21ème siècle.

Plus de cent mille personnes, provenant de 150 pays différents, ont pris part à cette aventure poétique unique en son genre.

Chaque année est un pari dont la réussite dépend de l’engagement des nombreux professeurs qui nous apportent leur soutien et surtout des milliers de jeunes talents qui aiment écrire, partager leurs passions, exprimer leurs interrogations.

La rencontre organisée chaque année à Paris est une expérience extraordinaire : les lauréats et les jurés du concours font connaissance, rencontrent des poètes contemporains et de nombreux artistes qui font vivre les arts et la culture française.

La découverte de Paris, de son rayonnement toujours vif et particulier, est une expérience qui souvent dure dans le temps. Un cercle d’amitiés nouvelles naît à cette occasion.

Le concours est simple : sujet libre, forme libre, 30 lignes ou vers au maximum. La participation commence le 1er janvier sur le site du concours.

Le règlement est directement accessible sur le site et permet à tout jeune de 15 à 25 ans d’y participer, quel que soit son parcours personnel, quel que soit le pays où il vit.

Chaque catégorie de situations est respectée : par exemple, les palmarès des lauréats distinguent les jeunes scolarisés hors de France de ceux ayant grandi dans le contexte de l’école en France. Ainsi chacun a une chance d’être primé dans sa catégorie.

Je suis sûr que cette année encore vous serez nombreux au rendez-vous.

À vos plumes ! Et bon travail de poésie !

Quel poète peut évoquer l’homme, la nature, la vie et la mort, l’amour et la solitude, sans se sentir totalement libre : libre de ses sensations, des mots pour les dire, des pensées pour les comprendre ?

Chaque poème est non seulement une expression de chacun, mais aussi un dépassement. Et souvent un dépouillement.

Nous marchons sur des routes inconnues. Nous savons d’où nous venons, nous ne connaissons ni le chemin, ni le point d’arrivée, ni le point final.

Le poème qui écrit notre vie est un départ qui s’étire, qui se prolonge, qui se médite.

Notre itinérance est instinctive, comme chevillée à notre manière d’être.

Elle est réalisation d’un rêve inconnu, d’une vision venant du fond des âges.

La poésie est la liberté de l’éternel marcheur, qui croise d’autres pèlerins sur toutes sortes de chemins.

La poésie est liberté féconde qui dit l’avenir par des cheminements étranges et secrets.

Concourir à la poésie du vaste monde, c’est concourir à la liberté, comme à un rêve d’absolu.

Celui qui aime la poésie conjure le malheur des hommes et le goût de la mort des folies humaines.

La plume tombe du vol d’un ange sous l’immense firmament.

La plume griffonne dans les cœurs comme des mots d’espoir.

La plume survient libre dans la vie du poète et lui écrit des messages étranges et inattendus.

Poète de tout âge, écris.

Ne crains pas de dire tes espoirs, ta liberté, tes folies !

Poète, tu es l’éternelle jeunesse du monde, l’invincible joie de vivre et d’espérer.

Poète, ne crains ni les secousses, ni les malheurs, ni les surprises innombrables.

Marche, écris et chante les mélopées de ton parcours incertain.

Le poète et surtout la poétesse qui veut se livrer à l’exercice le plus périlleux se risque aux sujets universels : l’amour et la mort, qui ne sont souvent qu’un seul et même motif !

La concurrence est rude d’emblée et pour une jeune femme au cœur tendre une dure épreuve !

L’amour ? Quelqu’un donne ce qu’il n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ! Constat absurde d’un grand psychanalyste du siècle dernier au sortir des ruines épouvantables de villes détruites et d’idéologies en faillite !


Parler d’amour en poésie c’est en revenir constamment à l’impossible promesse d’aimer toujours. Promesse dont l’écho gigantesque retentit de cœur en cœur et de chagrin en chagrin.

Promesse de contrôler des sentiments à jamais incontrôlables, espoir fou nourri d’un feu jailli d’un coup de foudre imprévisible, soudain, inattendu, d’une incompréhensible vitalité.

Chacun masque une partie de soi pour mieux sembler aimable, mais aussi masque une partie de l’autre pour le rendre plus désirable. Ambiguïté fondamentale où la douceur est habitée d’un soudain appétit effréné, brutal et sans retenue !

Alors la lutte pour cet amour déraisonnable, pulsion vitale irrépressible, trouve des chemins subtils qui donnent toute son originalité au débat moderne !

Le cri de ralliement des amours éternelles tient en un mot : laisse-moi être moi-même, pardonne mes fards, mes apprêtements, mes séductions, mes provocations pour attiser tes désirs !

Accepte mes multiples facettes, mes obscurités, mes mouvements de retrait, mes débordements insupportables.

J’ai besoin de secret et de mensonge, de clarté et de vérité, tout à la fois ! Notre bateau est ivre comme l’amour nous enivre !

La scène sur laquelle l’humanité joue sa variété de destinées est la création elle-même ! L’unité de sa vision réunit en un même concept la nature, le Créateur et la poésie en tant que siège du Verbe créateur.

L’audace poétique n’écarte aucun élément de ce triptyque. Sans quoi sa conception globale souffrirait d’une carence et de sa base métaphysique dont l’amour est l’incarnation la plus accomplie.

Un mot encore sur le jeu de miroir entre amour et amitié. Si l’amour est le maître-mot du destin intime, l’amitié tient la place éminente de principale vertu civique.

En tant qu’amour sans l’usage du corps, l’amitié affirme son caractère universel : tant l’amour exige l’exclusivité du corps, tant l’amitié peut s’adresser simultanément à un grand nombre de partenaires. En cela elle est le lien par excellence de la vie de la Cité.

L’aspiration à reconnaître à la femme un corps détaché de l’exclusivité du rapport amoureux reproducteur est une condition fondamentale de son entrée dans la vie sociale, de son changement de condition.

Les paroles des poètes ne cessent d’agir en nous et contribuent aux séismes de l’histoire petite ou grande. Elles sont promesses d’avenir meilleur.

Le masque parle.

Il n’est pas seulement fascination visuelle, altération du visage ou signe d’un autre monde. Il est d’abord et surtout altération de la voix, étrangeté des paroles ordinaires et discours  d’ ailleurs ou d’au-delà.

L’enfant longtemps joue au pied de sa mère et entend cette voix de nulle part, reçoit des discours étranges à la fois familiers et hermétiques.

Les théâtres à masque déforment la voix : pour qu’elle cesse d’être familière, évoque la résonnance à la fois proche et lointaine de la raison parlée et non encore comprise.


Le masque porte plus loin et au plus profond les résonances de la vie et des premiers échos de la parole. Il fascine dès la tendre enfance, agrémente les arts de la représentation, parle au plus intime de nous-même.

Tout poème est masque évoquant la plus antique émotion, révélant l’espoir de la vie.

Le poète, prisonnier de masques mystérieux, tente de les faire parler et espère que l’écho éveillé en chacun lui reviendra comme révélation de lui-même.

Le masque est un autre.

Le masque est l’autre qui se révèle par la parole. Le masque peut s’enlever pour laisser le visage dire son émotion propre, sa vie.

Indispensable en quelque sorte pour mettre en lumière, alors qu’il met dans l’ombre propice des confidences universelles.